En hommage à l’Ange de l’Apocalypse
Qui lève la main vers le ciel en disant :
« Il n’y aura plus de Temps »
15 janvier 1941, Stalag VIII-A – Görlitz (Silésie), un concert rassemble plusieurs centaines de prisonniers de guerre par un froid glacial. Sur des instruments de fortune, quatre musiciens, dont Olivier Messiaen au piano, créent une des œuvres les plus marquantes du XXe siècle : le Quatuor pour la fin du Temps. Durant sa détention, le compositeur rencontre parmi les prisonniers un clarinettiste, un violoniste et un violoncelliste et compose pour cet effectif insolite une suite de huit tableaux inspirés par l’Apocalypse de saint Jean.
Nous faisons l’expérience de l’éternité à travers le langage sonore de ce quatuor. A la fois dimension théologique et enjeu compositionnel, cette atemporalité se manifeste par un traitement novateur du rythme et de l’harmonie, préfigurant l’ensemble de l’œuvre de Messiaen. Ainsi, chants d’oiseaux, rythmes grecs et hindous s’entremêlent dans cette partition tournée « vers l’invisible et l’indicible ».
Au gré des huit mouvements, nous ressentons différemment cet étirement du temps. La sonorité cristalline de la Liturgie de cristal, qui ouvre ce quatuor, évoque un espace infini et un temps suspendu. D’une grande rigueur rythmique, la Danse de la fureur pour les sept trompettes amène une vision apocalyptique du Jugement dernier. Contemplative, la Louange à l’Eternité de Jésus fait dialoguer piano et violoncelle dans un calme absolu. En questionnant l’idée religieuse et philosophique de l’éternité, Messiaen nous fait vivre un incroyable voyage hors du temps.
Entrée libre, une heure avant le concert
Marie Favre, musicologue
Le discours sur la musique affûte les oreilles et réveille les cœurs. Aussi, cinq de nos concerts sont précédés d’une ‘conversation introductive’. Ces rencontres curieuses, chaleureuses, gourmandes et pour tous les publics vous feront entrer au cœur de la musique. Un seul mot d’ordre: le plaisir !
O. Messiaen  /  Quatuor pour la fin du Temps